Intelligence relationnelle et neurosciences : ce que le cerveau nous apprend sur nos relations
- Catherine Cellier

- 1 sept.
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 sept.
L’Intelligence Relationnelle® (IR), théorisée par le Dr François Le Doze, propose une lecture innovante de nos relations à nous-mêmes, aux autres et au monde. Elle s’appuie sur les avancées des neurosciences, qui éclairent le rôle du système nerveux autonome et des circuits cérébraux dans notre perception de la sécurité ou de la menace.
Les recherches montrent que les expériences difficiles du passé — négligence, maltraitance ou chocs traumatiques — laissent des empreintes durables dans notre cerveau et influencent nos relations. Ces traces ne déterminent pas seulement nos réactions émotionnelles : elles façonnent notre manière de nous traiter, d’entrer en lien avec autrui et d’appréhender le monde.
En reliant théorie et science, l’Intelligence Relationnelle® aide à transformer ces héritages invisibles pour retrouver confiance, sécurité intérieure et ouverture au monde.
L’Intelligence Relationnelle® : une approche novatrice du lien à soi, aux autres et au monde
L’Intelligence Relationnelle® (IR), développée par le Dr François Le Doze, constitue une approche originale et profondément transformatrice de notre rapport à nous-mêmes et aux autres. Contrairement à l’intelligence émotionnelle, qui vise à gérer ses émotions, l’IR ® s’intéresse au socle neurobiologique de nos expériences relationnelles. Elle part du principe que nos réactions ne sont pas seulement une affaire de volonté ou de compétence émotionnelle, mais qu’elles trouvent leur origine dans le cerveau et le système nerveux autonome, marqués par des traces du passé.
L’objectif de l’IR est d’intégrer les expériences anciennes et douloureuses (négligence, maltraitance, trauma) avec les ressources actuelles : la maturité du cerveau adulte, les connaissances des neurosciences et l’appui de relations sécurisantes. Cet accompagnement vise à apaiser le cerveau émotionnel, libérer le système nerveux du stress, et restaurer une capacité d’ouverture, de confiance et de lien.
François Le Doze et la naissance du concept
Médecin neurologue et formé à la psychothérapie, François Le Doze a créé l’Intelligence Relationnelle® pour articuler les apports des neurosciences, de la théorie de l’attachement et de l’expérience clinique. Son ambition : proposer un cadre pour comprendre pourquoi certaines personnes restent prisonnières de réactions automatiques de survie, et comment la plasticité cérébrale peut leur permettre de retrouver une vie relationnelle apaisée.
Le rôle central de la relation
Dès l’enfance, les relations construisent nos repères de sécurité. Les liens d’attachement façonnent notre interprétation du monde : un environnement fiable et bienveillant favorise la confiance, tandis que la négligence ou la maltraitance créent des “autoroutes neuronales” de méfiance et de danger. Comprendre ce rôle central de la relation est essentiel pour envisager un chemin de réparation.
Comment l’IR reconfigure notre rapport à soi, aux autres et au monde
L’Intelligence Relationnelle® permet de réécrire notre carte intérieure. En aidant la personne à revisiter les empreintes du passé avec ses ressources actuelles, elle développe une relation plus douce avec soi-même, ose des liens plus sécurisants avec les autres et élargit son ouverture au monde. Ce processus ne repose pas sur la gestion des émotions mais sur une reconfiguration du système nerveux et des circuits cérébraux, ouvrant la voie à plus de confiance, de sérénité et de liberté relationnelle.
Quand le cerveau façonne notre rapport au monde : les structures clés
Nos comportements relationnels ne sont pas le fruit du hasard. Ils reposent sur l’architecture complexe du cerveau et du système nerveux, qui filtrent nos expériences et déterminent notre perception de sécurité ou danger. Les neurosciences montrent que certaines structures jouent un rôle central : elles expliquent nos réactions disproportionnées dans nos relations, ou pourquoi il est difficile de se sentir en confiance.
Le thalamus et l’intégration sensorielle
Le thalamus est la première “porte d’entrée” de nos perceptions. Il trie les informations sensorielles et décide de l’attention du cerveau. Quand il fonctionne bien, il nous aide à rester ancrés dans le présent. Mais lorsqu’il est marqué par le trauma, il peut filtrer la réalité de façon biaisée et déclencher une hypervigilance permanente.
L’hippocampe et la mémoire épisodique
L’hippocampe organise nos souvenirs dans le temps et construit la continuité de notre histoire personnelle. En cas de choc ou de négligence, il peut se dérégler : les souvenirs deviennent fragmentés, sans repère chronologique, et resurgissent comme s’ils appartenaient au présent. Cette confusion mémoire/présent pèse sur nos relations.
L’amygdale, “détecteur de fumée” du cerveau
Toujours en alerte, l’amygdale repère les signaux de danger. Sa réactivité est essentielle à notre survie, mais en cas de traumatisme, elle s’emballe et déclenche des réponses de peur face à des situations neutres. Cela explique pourquoi certaines personnes vivent leurs relations dans la méfiance ou l’anticipation du rejet.
Le cortex préfrontal médian : la régulation et la conscience de soi
Cette zone est parfois appelée la “tour de contrôle” du cerveau. Elle permet d’analyser la situation, de prendre du recul, de calmer l’amygdale et de développer une conscience apaisée de soi. Elle permet de transformer ses réactions automatiques en réponses ajustées.
Le système nerveux autonome et la neuroception
L’apport majeur de Stephen Porges et de la théorie polyvagale réside dans la notion de neuroception : notre système nerveux évalue en permanence, sans conscience, si nous sommes en sécurité ou en danger. Ce “radar implicite” conditionne nos postures relationnelles : ouverture et confiance si la sécurité est perçue, retrait ou défense si le danger est détecté.
Ces découvertes montrent que notre rapport au monde est lié au fonctionnement du cerveau et du système nerveux. Grâce à la plasticité cérébrale, il est possible de moduler ces circuits et de retrouver une expérience plus stable de sécurité intérieure.
Trauma, attachement et empreintes neuronales : quand le danger devient notre grille de lecture
Nos premières expériences relationnelles façonnent notre rapport au monde. Un enfant grandissant dans un environnement sécurisant perçoit la confiance comme norme. À l’inverse, la négligence, la maltraitance ou les chocs précoces laissent des empreintes durables dans le cerveau : elles créent un “filtre implicite” pour interpréter ses relations, souvent sous l’angle du danger.
Les blessures d’attachement et leur impact cérébral : autoroutes de l’insécurité
Selon la psychologue Gwénaëlle Persiaux, les blessures d’attachement agissent comme des “autoroutes neuronales de l’insécurité”. Lorsqu’un enfant ne reçoit pas de réponse adaptée à ses besoins fondamentaux, son cerveau développe des circuits de protection automatiques : méfiance, repli, hypervigilance. Ces mécanismes, utiles pour survivre dans l’enfance, deviennent des freins relationnels à l’âge adulte. Ainsi, une personne peut avoir du mal à faire confiance, à s’ouvrir ou à accueillir la proximité sans ressentir de menace.
Dissociation et dérèglements cérébraux : quand la survie impose de se couper de soi
Le psychiatre Bessel van der Kolk souligne qu’un trauma intense peut amener le cerveau à déclencher une stratégie de survie appelée dissociation. C’est un mécanisme protecteur où la personne se “coupe” de ses émotions ou de ses sensations corporelles pour supporter l’insupportable. Si cette réaction sauve sur le moment, elle entraîne à long terme un sentiment de déconnexion de soi-même, de son corps et parfois de la réalité. Ce dérèglement cérébral complique la régulation des émotions et les relations stables.
Mémoire fragmentée et traces sensorielles : pourquoi les souvenirs traumatiques s’impriment autrement
Contrairement aux souvenirs ordinaires, les souvenirs traumatiques ne s’inscrivent pas dans une narration claire. L’hippocampe, chargé de situer les événements dans le temps, est perturbé. Résultat : les traces restent fragmentées, sensorielles, émotionnelles, comme des images ou sensations récurrentes. Ces “morceaux de mémoire” peuvent être déclenchés par un détail quotidien, plongeant la personne dans un état de détresse comme si le danger était à nouveau présent.
Ces découvertes expliquent pourquoi les traumas et blessures d’attachement ne s’effacent pas par la seule volonté. Ils modèlent le système nerveux. L’Intelligence Relationnelle® propose un chemin pour revisiter ces empreintes et recréer des circuits de sécurité intérieure.
La plasticité cérébrale : comment recréer des routes de sécurité intérieure
Les découvertes neuroscientifiques ont bouleversé notre vision du cerveau. Loin d’être figé à l’âge adulte, il conserve une capacité de transformation. Même après des expériences précoces de négligence, trauma ou insécurité relationnelle, il est possible de créer de nouvelles connexions neuronales. Cette faculté, appelée plasticité cérébrale, constitue la base d’un chemin de réparation. Elle permet de remplacer les circuits de peur et de méfiance par des routes plus stables, associées à la sécurité et à la confiance.
Les expériences correctrices
La plasticité cérébrale se nourrit des expériences correctrices. Chaque fois qu’une personne vit une relation sécurisante, réussit un défi ou intègre de nouvelles connaissances, son cerveau crée de nouveaux réseaux neuronaux. Ces circuits viennent contrebalancer ceux hérités de l’insécurité. Une parole bienveillante, une réussite professionnelle, une compréhension nouvelle du fonctionnement émotionnel ou cérébral sont des expériences qui s’impriment et ouvrent de nouvelles possibilités de réaction. Avec la répétition, ces “routes alternatives” deviennent plus accessibles, et le cerveau apprend à privilégier des réponses plus calmes, adaptées et confiantes.
L’importance du lien réparateur
Cependant, ces transformations ne se produisent pas dans l’isolement. Le rôle du lien réparateur est central : ami de confiance, partenaire bienveillant, thérapeute formé… Ces figures d’attachement adultes sont des piliers dans la reconstruction. Leur présence sécurisante agit comme un tuteur pour le système nerveux, permettant de revisiter les blessures du passé sans être submergé. Dans ce cadre relationnel, le cerveau peut expérimenter une autre réalité : être entendu, compris et respecté. Peu à peu, l’amygdale se calme, le cortex préfrontal reprend sa fonction de régulation, et le système nerveux réapprend la sécurité.
La plasticité cérébrale offre une formidable opportunité : celle de ne plus être prisonnier des empreintes du passé, mais de construire une sécurité intérieure durable et un rapport serein à soi, aux autres et au monde.
Retrouver confiance en soi, en l’autre et dans le monde grâce à l’Intelligence Relationnelle ®
Les neurosciences montrent que le cerveau peut évoluer tout au long de la vie. L’Intelligence Relationnelle ® (IR) s’appuie sur ces découvertes pour restaurer un rapport de confiance abîmé par les blessures d’attachement ou les traumatismes. En combinant la compréhension des mécanismes cérébraux et un travail relationnel sécurisé, elle permet de réapprendre à se sentir en sécurité avec soi-même, avec les autres, et dans le monde.
Confiance en soi : activation du cortex préfrontal et métacognition pour recalibrer le détecteur d’alertes
L’IR aide le cerveau à sortir du pilotage automatique dicté par l’amygdale (centre d’alerte). Grâce à la métacognition — la capacité à observer ses pensées et réactions —, la personne réactive son cortex préfrontal, zone de la régulation et de la réflexion. Le “radar” qui détecte le danger peut être recalibré : il distingue mieux une menace réelle d’un écho du passé. Ce processus restaure la confiance en soi et la capacité à s’appuyer sur ses ressources internes.
Confiance dans l’autre : rôle des expériences relationnelles sécurisantes
La confiance ne se reconstruit pas seule. Elle naît de nouvelles expériences où l’autre est fiable, bienveillant et cohérent. Dans l’IR, la relation avec le praticien agit comme un contenant sécurisant : être entendu, accueilli sans jugement et soutenu permet au système nerveux de vivre une expérience correctrice. Ces moments prouvent que la proximité peut être source de sécurité et non de danger.
Confiance dans le monde : une vision sereine de la vie
Lorsque la sécurité intérieure s’installe et que la confiance en l’autre se renforce, tout le rapport au monde s’élargit. Le système nerveux n’est plus en alerte : il peut s’ouvrir à la nouveauté, à la curiosité, à la créativité. Cette sécurité élargie transforme la perception de la vie : le monde n’apparaît plus comme une menace constante, mais comme un espace d’épanouissement, d’amour et de construction.
L’Intelligence Relationnelle ® ouvre un chemin d’intégration et de réparation. Elle ne fait pas oublier le passé, mais permet de l’apaiser pour retrouver confiance, équilibre et liberté dans le présent.
Vers une nouvelle capacité à vivre les relations : apports pratiques de l’Intelligence Relationnelle ®
L’Intelligence Relationnelle ® ouvre des pistes concrètes pour transformer nos relations, avec soi et les autres. Elle permet d’élargir notre capacité à vivre des liens plus authentiques et apaisés en s’appuyant sur les ressources du corps, sur la puissance de la relation humaine et sur la plasticité cérébrale.
L’intéroception et l’ancrage corporel : conscience du corps et sécurité intérieure
La première porte de transformation est souvent le corps. L’intéroception — la perception des sensations internes (respiration, battements du cœur, tensions musculaires, chaleur, etc.) — permet de se reconnecter au présent. Dans l’IR, cette conscience corporelle aide à identifier les signaux de stress ou de sécurité et à utiliser son corps comme ressource. L’ancrage corporel devient une base concrète pour retrouver un sentiment de stabilité et de sécurité intérieure.
Co-régulation relationnelle : la puissance de la présence bienveillante
Aucun cerveau ne se régule seul. Nos systèmes nerveux trouvent leur équilibre dans la rencontre avec un autre humain — attentif, présent, authentique. Ce mécanisme, appelé co-régulation, est au cœur de l’Intelligence Relationnelle ®. Un accompagnement par une présence fiable permet au système nerveux de désactiver ses signaux d’alerte et d’explorer de nouvelles manières d’être en lien. Ces expériences sécurisantes deviennent des repères internes durables, réutilisables dans d’autres relations.
Du trauma à la transformation : une nouvelle lecture du monde
Enfin, l’IR propose un chemin de transformation profonde. Elle permet de passer d’une lecture du monde marquée par la méfiance et la menace à une ouverture vers la confiance. Les expériences douloureuses ne sont pas effacées, mais intégrées et apaisées. Le vécu affectif cesse d’être une source de débordement pour devenir un terrain de compréhension et de solidité intérieure. Cette évolution favorise une dynamique sociale plus apaisée, où chacun peut contribuer à des relations plus sereines et constructives.
L’Intelligence Relationnelle® offre une perspective novatrice : reconnaître que nos blessures ne sont pas une fatalité, et que notre cerveau peut se transformer tout au long de la vie. Elle éclaire le rôle des empreintes du passé — blessures d’attachement, traumatismes, négligences — en intégrant les avancées des neurosciences, et propose un chemin concret pour les apaiser.
Grâce à la plasticité cérébrale, aux expériences correctrices et au soutien de relations sécurisantes, il est possible de retrouver une confiance durable en soi, en l’autre et dans le monde. L’IR n’efface pas l’histoire, mais elle permet de la réintégrer, de libérer le système nerveux des états de survie et d’ouvrir un nouvel espace : celui de la présence, de la sécurité et de la liberté intérieure.
L’Intelligence Relationnelle® est une voie de transformation humaine et sociale. En réapprenant à nous relier de manière apaisée et confiante, nous contribuons à bâtir des relations plus saines, des environnements plus sécurisants et, à terme, une société plus humaine.


